Le millésime 2009 bordelais

Le millésime 2009 s'annonce très salé pour les amateurs de grands noms du bordelais
Article de Libération Bordeaux.

BEC FIN - A peine né, il est déjà présenté comme "LE millésime grandissime". Dégusté en avant première au mois d'avril par tout ce que le monde du vin compte de faiseurs de tendances, le cru 2009 est unanimement jugé exceptionnel, et entre donc sans préambule au panthéon des années mythiques. Mythique par les arômes, semble-t-il, bien que le grand public doive attendre encore quelques mois, la fin de l'élevage, pour pouvoir en juger. Mais mythique aussi, et c'est la rançon du succès, par les prix qui s'annoncent.

Pour l'heure, seul un tiers des grands crus bordelais ont annoncé la couleur, et le gros des tarifs devrait n'être dévoilé que la semaine prochaine/ Mais très clairement, tendance est à la hausse: 20 à 30% pour la majorité des vins. Et déjà jusqu'à 67% par rapport à 2008, pour un quatrième cru classé de Pauillac. "Sur les plus grandes marques qui ne se sont pas encore dévoilées, je crains une énorme progression", pointe François Levêque, président du syndicat des courtiers. "L'inflation peut-être démesurée".

Car la demande est là. Une semaine après Vinexpo, organisé cette année à Hong Kong, l'arrivée en force des Chinois se confirme. Un participant parle d'un "succès phénoménal". Et pour ces nouveaux amateurs, qui achètent surtout l'étiquette, peu importe le tarif, tant que le prestige est au rendez-vous. De quoi faire flamber encore un peu plus la valeur de la vingtaine de perles du bordelais devenues depuis déjà longtemps totalement inaccessibles.

Un décrochage qui devrait dépasser celui de 2005, la dernière année folle. De quoi inspirer au courtier quelques inquiétudes. "Le contexte économique a changé. Aujourd'hui il est très incertain, on est sur des bases fragiles, et il faut être prudent. On n'est pas seuls au monde avec nos grands millésimes". Un appel à la raison qui semble jusqu'ici assez peu suivi.

Mais que les amateurs se rassurent, il reste à Bordeaux 10.000 viticulteurs dont les châteaux devraient demeurer à la portée des bourses plus modestes. "Nous restons le vignoble de qualité le moins cher au monde", insiste François Levêque. Et si la hausse se répercute malgré tout à petite échelle sur les vins d'entrée de gamme, cela contribuera à donner un peu d'oxygène à un certain nombre de propriétés qui en ont bien besoin.
Laure Espieu

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